Rénovation énergétique des tours IGH Anvers et Londres du groupe Olympiades
2023
33 M
Concours C/R 2023
Le quartier des Olympiades situé dans le 13e arrondissement de Paris est l’une des opérations modernes phares de l’après-guerre. L’architecte Michel Holley est l’un des principaux architectes d’un urbanisme de rupture. Aujourd’hui le quartier a gardé son caractère exceptionnel et sa puissance évocatrice, il est encore un élément très fort du skyline du Sud de Paris, malgré le caractère isolé ou autonome des divers bâtiments, une unité architecturale due à l’homogénéité des teintes, à une palette restreinte de matériaux et la rationalité de l’architecture (pour ne pas dire son brutalisme).
Les deux immeubles de grande hauteur sont très semblables : leur écriture architecturale est rigoureusement identique. Depuis le Nord ou le Sud les tours sont relativement élancées (rapport de quasi 1 sur 5) alors que vues depuis l’Est ou l’Ouest elles sont plus "trapues" et, leurs plans de façades se juxtaposant, ils créent un véritable «front bâti». Les façades existantes sont composées de panneaux de béton préfabriqués de grandes dimensions et de faible épaisseur. Ces panneaux sont liaisonnés aux dalles de plancher, ils intègrent systématiquement deux ouvertures destinées aux fenêtres. Ils ont la particularité d’intégrer sur leur bords verticaux un relief saillant : les épines verticales qui, sur la hauteur des façades, créent une modénature continue soulignant la verticalité.
C’est peut-être plus l’ensemble urbain et architectural des Olympiades, que les tours elles-mêmes, qui oblige à une approche patrimoniale respectueuse. En effet, il s’agit véritablement d’une opération urbaine iconique du mouvement moderne de l’après-guerre. Aussi il nous parait important de ne pas transformer brutalement le cadre de vie des habitants qui sont, pour la plupart, attachés à leur résidence et a son aspect. Notre intervention se doit donc d’être subtile car il s’agit d’améliorer l’image des tours sans les dénaturer. Pour atteindre les objectifs environnementaux nous proposons, une isolation par l’extérieur de l’ensemble des façades et toitures et le remplacement de toutes les menuiseries extérieures.
Nous avons identifiés les épines verticales comme des éléments remarquables et constituant l’identité du bâtiment : elles lui confèrent un caractère particulier et donnent du relief et de la « nervosité » aux façades. Elles accentuent, par le jeux d’ombres qu’elles induisent, la verticalité des panneaux de béton. A l’échelle lointaine elles créent, par lumière rasante, un effet de « cannelures » qui n’est pas sans évoquer celles des colonnes antique.
Aujourd’hui les deux tours sont totalement identiques d’aspect, de fait il est très difficile de les distinguer. Nous proposons donc d’introduire une variation de teinte dans certaines parties des façades : les allèges et voussures (de couleur abricot aujourd’hui). Dans notre projet leur capotage métallique est doré sur Anvers et bronze sur Londres, les menuiseries aluminium sont raccord. Outre le fait que le bronze et l’or sont délicatement différents et complémentaires, c’est également un clin d’œil aux matières des médailles olympiques.
Les « trumeaux » béton existants qui forment de grandes bandes verticales toute hauteur sont de teinte beige (couleur parisienne s’il en est). Nous proposons de rester sur une tonalité claire pour cette « peau extérieure » car les bâtiments des Olympiades offrent tous des façades de cette tonalité, que ce soient les bétons ou les enduits. De plus la question du confort d’été devient primordiale en raison du réchauffement climatique. Les épisodes caniculaires amenés à devenir fréquents nous oblige à tenir compte de l’albédo des surfaces des bâtiments que nous concevons ou rénovons, d’où le choix de couleurs claires pour les trumeaux, les épines et les tableaux. Aussi les tableaux de teintes claires permettent une bonne réflexion de la lumière vers l’intérieur du logement.
Notre projet propose un redécoupage ponctuel de la grande hauteur par « la mise en avant », tous les quatre niveaux, de l’ensemble allège/voussure qui se déporte au nu des épines et prend une teinte claire se rapprochant de celui-ci. Cela rythme les façades par un jeu de bandeaux horizontaux et crée des sous-ensembles d’échelle plus «domestique», c’est une sorte d’ordre interne à la façade. Aujourd’hui les tours semblent un empilement vertical infini de fenêtres, le nombre de niveaux est impossible à appréhender. Ce dispositif de bandeaux atténue l’effet « grande hauteur ».
Les travaux sont l’opportunité de repenser la répartition des locaux en rez-de-dalle en fonction des nouveaux usages. La démocratisation du vélo à Paris nous invite à agrandir les locaux existants, créer un espace dédié aux poussettes et à en créer de nouveaux en rez-de-dalle.
Nous proposons pour les halls la création d’un sas d’entrée et une meilleure répartition des nouvelles- boites aux lettres : nous en profitons pour les redessiner et les intégrer comme du mobilier. Nous souhaitons conserver les sols existants, rafraichir les murs et intégrer une démarche de réemploi en proposant des caillebotis en faux plafonds.